UN INSTANT DANS LE VENT / André Brink
Un instant dans le vent / André
Brink. Paris : LGF, 1985. (Le Livre de poche, n°5998).
André Brink est né au printemps 1960, à l’âge
de 25 ans, sur un banc du Luxembourg. On imagine facilement la clarté du parc,
sa douce chaleur et luminosité, le bleu, le vert et le blanc profonds, remplir
l’espace, comme on imagine facilement que la lumière sur l’horreur de
l’apartheid et sur l’obscurité de la société sud-africaine surgisse dans
l’esprit de cet étudiant en littérature à Paris, qui a grandi dans l’intérieur
profond sud-africain, son père fermier blanc. Rentré en Afrique du Sud, la
recherche de la lumière. «Ce que l'obscurité redoute le plus, c'est la lumière. En soi, cela
justifie que l'on ait envie d'écrire».
Dans Un
instant dans le vent, écrit en 1976, soit avant la fin de l’apartheid,
André Brink nous parle bien sûr des horreurs commises par les maîtres, les
colons mais plus encore de l’infini et tragique bêtise de la mission soi-disant
«civilisatrice» de ces derniers. Car la terrible violence ne serait rien sans
l’idéologie non moins terriblement fausse de ces colons. Il est également
terrible de se rappeler que toute la lumière sur ces agissements n’a pas encore
été faite, là-bas comme «chez nous» !
Ce roman est aussi celui des
expériences : de la libération : Adam, esclave emprisonné pour s’être
rebellé, s’enfuit dans l’arrière pays encore inconnu (du moins des
soi-disant civilisés); de la découverte de l’autre et de soi : il y
rencontre Elisabeth, une jeune femme blanche seule rescapée de la mission
d’exploration de son mari ; de l’amour et du bonheur, un peu ; et du
désert et de la nature.
Adam et Elisabeth parcourent durant une année, nus, l’immense
et qu’on devine magnifique pays, plaine, exploration de l’autre, abolition des
superficielles barrières raciales et sociales, mer et falaise, bonheur d’aimer
et d’être aimé, le tragique de l’amour, le désert, doute, extrême souffrance
physique et solitude, allant de pair avec l’extrême et tragique beauté de la
nature.
Rentrés au Cap, Adam est rattrapé et tué. Les
deux amoureux voulaient croire que leur amour aurait pu survivre à la société
du Cap. L’obscurité des hommes est tenace, et la lumière jamais vraiment plus
forte.
Aujourd’hui encore…
On lit ce roman, on est ébloui. Justesse. La
traversée du désert, pièce centrale du livre, est d’une époustouflante
beauté : un troupeau d’antilope est une tornade, les Hottentots et les
Boschimans, hommes qui maîtrisent cet univers hostile, trou d’eau dans une
rivière asséchée, lion.
Lu par Simon Potier (ISTOM)
Quelques mots sur l’auteur :
Né dans l'Afrique du Sud
de la ségrégation systématique, André Brink a été professeur de littérature
contemporaine et d'art dramatique à la Rhodes University. Prenant la tête du
roman afrikaans, il se pose en maître de la génération de Besti-gers. En 1968,
sa position politique contre la politique d'Apartheid se durcit : il publie en
1973 'Au plus noir de la nuit' qui sera traduit avec succès en anglais et en
français. Mais c'est avec 'Une saison blanche et sèche' qu'il trouve une
reconnaissance mondiale : le livre, malgré des problèmes de censure, obtient le
prix Médicis étranger 1980.
(Biographie tirée de
Evene.fr).
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