Etudiant.e.s en Sciences liraient moins...

Les étudiant.e.s qui suivent des formations de Sciences liraient moins que les autres... Ne seraient pas intéressé.e.s par les livres. Par l'écrit, le support papier. Et ce public serait très satisfait d'un accès à un document numérique, un Ebook plutôt qu'un ouvrage à emprunter...

Source photo : https://pixabay.com/fr/illustrations/%C3%A9cole-conseil-science-tableau-noir-1063550/

Cette idée préconçue est largement répandue. Je l'ai entendue très souvent, trop souvent, et très récemment dans le monde du travail, l'univers des bibliothèques.

Pourtant, mon expérience professionnelle est spécialisée auprès de ces étudiant.e.s. Ces jeunes qui se lancent dans des formations de Sciences, je les ai croisés très souvent. Et ils ont été mon public d'utilisateurs dans les centres de documentation dont je me suis occupée, pour lesquels j'ai travaillé.

Et mon bilan s'éloigne de l'image réductrice qui les considère comme des jeunes éloignés du livre, de l'écrit, de la lecture.

J'ai au contraire, constaté une importante curiosité intellectuelle  de leur part, et l'envie d'utiliser un support papier, pour se déconnecter, et se concentrer sur une information scientifique nécessaire à leur cursus, ou, se déconnecter, pour lire simplement pour le plaisir, un roman, un essai sur une thématique qui les passionnait.

Mais leur permettre de trouver quelque chose qui leur donne envie de lire, est lié aux moyens que la bibliothèque qu'ils utilisent déploient pour leur proposer des ressources actualisées, et leur offrir des documents qui donnent envie de les découvrir.

Moyens financiers nécessaires. Et moyens humains pour sonder leurs envies, leurs attentes dans le domaine du livre. Puisque le métier de bibliothécaire change profondément. Dans la mesure où l'utilisateur n'est plus considéré comme passif dans le monde des bibliothèques, mais un véritable acteur, qui attend un service pouvant convenir à ce qu'il veut / doit lire. 

Si l'étudiant.e n'emprunte pas. Cela ne signifie pas systématiquement que cette personne ne lit pas. Mais sûrement que rien de ce qui lui a été dévoilé dans les rayons, et les présentoirs de nouveautés de notre bibliothèque ne l'ont incité.e à utiliser le service proposé.

Bibliothécaire et lecteur doivent donc communiquer, échanger, pour que le fonds documentaire soit le plus pertinent et adapté à chaque public, et que les documents correspondants aux attentes, soient facilement, et rapidement mis  en circulation auprès des demandeurs. Plutôt que des documents qui plaisent au bibliothécaire, mais qui sont décalés des attentes des étudiant.e.s.

Car, au contraire, quand le lien entre travailleur du livre et son lecteur a lieu, l'ouvrage est emprunté, et utilisé. Ne reste pas en rayon en prenant la poussière. Ce qui est le destin des documents périmés et qui, seuls, n'ont pas d'intérêt.

Le métier de bibliothécaire incite à ne pas avoir de préjugé sur les publics. Et à réaliser que le professionnel ne sait rien des sujets que les utilisateurs viendront glaner dans la documentation du lieu. Cela oblige à faire preuve d'humilité, d'écoute, et de sonder régulièrement les visiteurs par des enquêtes de satisfaction, pour adapter le service à la demande. Améliorer la qualité du service proposé.

Si le regard du bibliothécaire n'est pas méprisant, mais attentif à ce que les utilisateurs attendent de ce centre de documentation, il constate que les étudiant.e.s de Sciences lisent. 

A tel point, que quand ils ne trouvent pas dans leur bibliothèque de rattachement ce qu'ils veulent lire, ils sont motivés pour se fournir ailleurs (dans une autre bibliothèque, ou chez un libraire), et ils viennent passer un moment dans cette bibliothèque où ils ne trouvent rien à emprunter, en profitant quand même d'un fauteuil, d'un espace calme, et sortent de leur sac LE livre qui les accompagne, et qui leur fait passer un bon moment, entre deux cours, un moment de lecture avant de repartir au travail...

ⓒ Véronique Meynier, article publié le 11/03/2025 à 16h41 sur Mon Blog Professionnel - Métier Documentaliste.