LA DAME BLANCHE / Marion Fournol


Concours littéraire Bibliothèque ISTOM 2015 - Catégorie Nouvelle (Thème l'attente du soir) - 1er Prix.

La Dame Blanche / Marion Fournol



Tom poussa la lourde chaise sous la fenêtre et s’accouda au rebord. La ruelle étroite et sombre qui lui servait de panorama n’était éclairée que par un triste lampadaire. La route pavée résonnait au loin des sabots d’un cheval. La Dame Blanche ne devait pas tarder à arriver. Le petit garçon soupira, la moue boudeuse. Il n’aimait pas attendre. Il regarda la rue vide avec des yeux fatigués. Cela lui semblait faire des heures qu’il était là.

Mary était la mère qu’il n’avait jamais eue. Il lui vouait un amour indéfectible : elle était la seule à égayer ses nuits. Cependant, même un petit garçon comme Tom pouvait lire une tristesse infinie dans ses sourires. Ils lui brisaient plus le cœur que l’auraient fait de véritables larmes. De toutes ses forces, Tom désirait que la Dame Blanche rit de nouveau, et il s’évertuait à lui rendre toujours plus de joie. Alors, chaque soir, il l’attendait, penché à sa fenêtre. Et chaque soir, elle venait. Ils échangeaient deux phrases, toujours les mêmes.
- Mary, tu vas bien ? lui demandait-il avec anxiété.
- Merci, mon chéri, je vais bien, le rassurait-elle en lui ébouriffait les cheveux d’un geste maternel.

Ils restaient là, à se regarder et se sourire, jusqu’à ce que les étoiles dans le ciel disparaissent pour laisser place au lever du jour. Alors seulement, elle repartait comme elle était venue, flottant dans sa robe blanche et laissant derrière elle un parfum de jacinthe tenace. Un effluve qui cachait des souvenirs enfouis, troubles et douloureux. L’esprit de Mary était condamné à errer, transparent à jamais. La souffrance qui la rattachait à ce monde était telle qu’elle ne pouvait ni s’en détacher ni avoir accès au repos éternel.

Tom ne comprenait pas tout cela. Ce qu’il voyait, c’était un triste fantôme qu’il aimait de toute son âme, et qu’il voulait sauver à tout prix. Même un enfant pouvait sentir le tourment palpable qui émanait de la Dame Blanche, malgré ses efforts pour le dissimuler.
Ils étaient comme figés dans le temps, leurs jours et leurs nuits gouvernés par l’attente de revoir l’autre, le rituel répété inlassablement. Jamais ils n’échangeaient un mot de plus : tout était un jeu de regards par lesquels ils se soutenaient mutuellement. Mary lui transmettait sa tendresse naturelle, Tom son amour éperdu d’enfant. Les deux vivaient dans la misère et l’accablement, mais ensemble ils oubliaient tout. Tout était-il vraiment pour le mieux ainsi ?

Ni l’un ni l’autre n’aurait pourtant souhaité y changer quelque chose. Ces deux êtres laissés-pour-compte par la vie retrouvaient une force surnaturelle durant leurs moments de complicité. Ce soir-là donc, Tom ouvrit en grand sa fenêtre. Mais ce soir-là, Mary ne vint pas. Mary n’étant pas là, Tom transgressa alors les règles du jeu et prononça deux mots de plus que le rituel :
- Mary ? Mary !

Sa petite voix angoissée menaçait de se briser. Une boule le prit dans la gorge et il ne put plus émettre le moindre son. Mary l’avait-elle abandonné, comme sa mère des années plus tôt ? Pire, l’avait-elle oublié ? Finalement, les larmes débordèrent et vinrent brûler ses joues gercées par le froid. Son cœur battait à tout rompre, comme un rossignol déréglé.

Tom cria son nom de toutes ses forces, comme un enfant appelle sa mère après un cauchemar tout en craignant qu’elle ne réponde pas. Il pleurait sans retenue, s’abandonnant tout entier à son chagrin. La nuit était tombée depuis longtemps déjà mais ses gémissements résonnaient encore dans la ruelle sombre. Sans Mary, il redevenait le petit garçon battu par l’ivrogne qui lui servait de père et qui regardait pensivement par la fenêtre, contemplant le mur au bout de l’impasse. Sans Mary, il ne pouvait pas survivre. Sans ce rayon de soleil qui éclairait le noir qui lui servait de vie, sans leurs jeux affectueux, la détresse suintait de chaque pore de sa peau.
- MARY ! hurla-t-il.

Le ciel obscur ne lui répondit pas. La lune blanche contemplait le minuscule cœur affolé comme on regarde un oiseau en cage. Tom sanglotait maintenant : la désolation le transperçait de toutes parts et le vida bientôt de toute énergie. Il comprit qu’il ne servait plus à rien d’appeler. Ses larmes cessèrent de couler. Il se sentait comme aspiré par le néant. C’était impossible. Il niait en bloc. Mary ne pouvait pas le quitter. Son amour égoïste refusait son départ. Elle s’était juste trompée. Elle reviendrait. Elle s’était juste trompée.

Mais on ne pouvait mentir à son propre cœur. Il savait. Il avait compris que la Dame Blanche ne reviendrait pas. «Demain, elle serait là». Il voulait y croire de toutes ses forces. Son petit corps épuisé ne put résister plus longtemps à la fatigue. Tom s’endormit, une larme suspendue à un cil.


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Le fantôme redevint progressivement opaque. Elle contempla l’enfant avec mélancolie. Cette relation était malsaine, elle le savait : elle avait pris la bonne décision. Un garçon ne pouvait avoir pour mère une défunte. Malgré tout, malgré les arguments que lui susurrait sa raison, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver un pincement au cœur en remarquant les traces laissées par les larmes sur les joues rondes de Tom. Avisant un pot de terre sur son balcon, elle créa une graine de rosier blanc qu’elle enfouit dans l’humus. «Le jour où le premier bouton s’ouvrira, tu seras heureux», lui chuchota-t-elle comme une douce promesse.

Mary leva les yeux vers le ciel : une à une, les étoiles commençaient à disparaître, remplacées par le rose irisé de l’aube. Elle était invisible de nouveau lorsqu’elle traversa le mur du fond de l’impasse. De l’autre côté se trouvait le Monde des Larmoiements. On y trouvait les fantômes les plus anciens, ainsi que les petits nouveaux. Les autres se dispersaient dans le Monde Réel, et qui d’embêter une famille, qui de sauver un passant : chacun se trouvait un loisir pour tuer le temps, bien que celui-ci durât une éternité.

Mary n’était arrivée là qu’un siècle plus tôt. Elle se rappelait encore son désarroi, elle qui, en bonne chrétienne, avait toujours espéré avoir accès au Paradis. Au lieu de quoi, elle s’était retrouvée dans un lieu étrange, brumeux et sombre. Une lumière verte sourdait de nulle part, éclairant faiblement les épaves de bois et les hautes roches qui encombraient le sol. Elle n’avait jamais vu de lieu aussi morbide.

Perdue dans ses pensées, elle traversa un fantôme ancien.
- Excusez-moi, je suis désolée, bafouilla-t-elle.
- Regardez où vous flottez ! ronchonna le fantôme en question.
Tous ceux qui étaient là depuis plus d’un millénaire avaient un sale caractère. Ils s’étaient bien souvent lassés des jeux avec les mortels, et avaient perdu tout espoir d’être rappelés. Mary, elle, comptait bien l’être un jour. La Dame Blanche avait déjà assisté à l’un de ces fameux Rappels, un demi-siècle plus tôt. Un jeune homme candide, qui venait d’arriver. Il errait dans le Monde des Larmoiements quand une lueur blanche l’avait englobé : quelques instants plus tard, il avait disparu.

Pourquoi, se torturait-elle une énième fois, les trépassés à la mort tragique n’avaient-ils pas accès au repos éternel ? Quelle était donc cette injustice, qui voulait que les plus tristes vivants soient les plus tristes morts ? Elle en voulait à Dieu, ce dieu qu’elle avait tant prié autrefois. Depuis cet affreux jour où sa vie l’avait quitté, elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait plus. Voir Tom lui avait donné du courage ; l’impression qu’elle devait être forte, pour lui. Maintenant, que lui restait-il à part des lamentations ?
Ici, on n’avait pas la notion du temps. Elle s’assit sur un rocher, pensant à Tom. Que faisait-il en ce moment ? Pensait-il à elle ? Faisait-il jour, dans le Monde Réel ?


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Tom sortit tard du lit, ce jour-là. Il s’étira, avant d’aller remplir une grande bassine d’eau chaude. Il s’y coula, appréciant malgré le peu de confort la chaleur procurée. Ses boucles blondes devinrent brunes et lisses. Les yeux ouverts, il contemplait le plafond défraîchi. Il essayait d’accepter la perte qu’il venait de subir. Son cœur avait déjà essuyé bien des coups : mais ce dernier lui semblait insurmontable. Il se protégeait derrière un bouclier de verre : au prochain coup, il céderait, emportant sa raison avec les débris de son âme.

Le garçon savait qu’il existait d’autres enfants, qui avaient deux parents, et qui allaient à l’école tous les jours. Il n’arrivait pourtant pas à concevoir cela. Comment concevoir une vie si éloignée de la sienne ? L’école avait toujours eu sur lui une attraction particulière. S’il ne vivait pas dans une masure aussi délabrée, que quelqu’un responsable de lui avait pu l’emmener, alors lui aussi aurait été sur les bancs de l’école, riant avec les autres et apprenant tant de curiosités inaccessibles aujourd’hui.

Chez lui, il y avait des livres. Tom ne savait pas déchiffrer les signes qui s’y étalaient par milliers. Il connaissait quelques mots grâce à un dictionnaire illustré pour les petits, mais cela ne lui permettait pas de comprendre les phrases. Feuilletant les livres de contes, il se plaisait à observer les images, inventant lui-même les histoires. Ces moments hors du temps, où il se réfugiait dans son imagination, l’aidait à supporter le reste de sa vie. Il faisait un jeu d’un rien : une cuillère tordue dialoguait avec sa cousine la fourchette, se moquant du torchon qui puait l’alcool. Une bougie allumée se plaignait de rétrécir, alors il la soufflait.

Et le soir, il attendait. Maintenant qu’il n’y avait plus personne à attendre, les nuits semblaient longues. Il contemplait les étoiles, se demandant si Mary était parmi elles. Il se prenait à rêver qu’elle veillait sur lui avec sa grand-mère, de là-haut. Que ne donnerait-il pas pour qu’elles reviennent ! Son regard tomba sur le mur du fond de l’impasse. Il fronça les sourcils. Là, à l’instant, il lui aurait juré voir une ombre blanche disparaître.

Soudain pris d’une audace toute particulière, il enjamba le rebord de la fenêtre, s’y suspendit et le lâcha. Tombant d’un peu plus d’un mètre, il se réceptionna parfaitement en pliant les genoux. Tom hésitait : que ferait son père s’il découvrait une escapade comme celle qu’il s’apprêtait à réaliser ? Un frisson lui glaça l’échine tandis que revenaient de mauvais souvenirs. Il s’ébroua, et se remit en branle, en direction du mur.

L’écho de ses pas sur la route pavée résonnait étrangement fort à ses oreilles. La lune le regardait, impassible. Les étoiles elle-même s’étaient tues pour l’observer. Inconscient du ciel qui retenait son souffle, Tom s’avança encore jusqu’à poser sa main sur le mur. La brique rouge lui parut étrangement chaude, vivante. « Mary », chuchota-t-il, la bouche pressée contre le mur. Il se sentit soudain ridicule. Que faisait-il ?

D’un coup, il bascula, sa main s’enfonçant dans le mur qui venait de se volatiliser. Il tombait la tête la première : deux bras fins le retinrent. Il redressa la tête : Mary, bien sûr. Il se blottit contre elle, redevenant l’enfant de sept ans qu’il était. Elle ne dit pas un mot, se contentant de lui caresser la tête comme à son habitude. Après un temps décidément trop court, il se détacha d’elle pour examiner le lieu où il se trouvait. 

On se croirait dans un décor de théâtre, avec un spot vert qui éclairerait la scène jonchée de cadavres de bateaux.
Le garçon avait déjà été au théâtre, pour ses six ans. La voisine, l’ayant pris en pitié, l’avait accompagné et lui avait offert le spectacle. Tom avait été émerveillé : les décors, la lumière, les acteurs, tout était merveilleux. Il s’était laissé happer par l’histoire de Jonas et de sa baleine, oubliant tout le reste. Mais le paysage qui lui faisait face ne donnait pas envie de s’y oublier. Il en avait peur. Cette grande étendue vide, sinistre, avait de quoi flanquer la chair de poule. Mais Mary était là : c’était tout ce qui comptait à ses yeux.
- Mary, tu vas bien ? demanda-t-il selon le rituel.
- Merci mon chéri, je vais bien.


Le Monde des Larmoiements s’était éclairci depuis que Tom y était entré. Mary lui avait ouvert le passage, sachant pourtant ce que cela impliquait. L’Ancien des anciens n’allait pas tarder à arriver. L’enfant ne voyait pas les fantômes invisibles, et aucun ne fit l’effort de devenir opaque pour lui. Un fantôme de vieille femme, curieuse, s’approcha d’eux. 

Elle se rendit visible aux yeux de l’enfant sans transitions : Tom bondit en arrière, d’un sursaut effrayé. Mary tendit la main vers lui pour le rassurer, mais il avait déjà sauté au cou de l’étrangère.
- Mamy Jacob !
- Mon petit…

Mary eut un léger sourire. Revoir l’un de ses proches était toujours une surprise agréable, mais dangereuse. Combien de vivants avait-elle vu se laisser entraîner par leurs morts ici ? C’est sur ces entrefaites que l’Ancien des anciens arriva.
Fantôme datant de l’antiquité la plus lointaine, il portait toujours un même parchemin qu’il lisait fidèlement à chaque entrée d’un mortel dans le Monde des Larmoiements.

- Mesdames, jeune homme. Je me permets d’interrompre vos charmantes retrouvailles pour vous délivrer le message que tout mortel se doit de connaître en venant ici.

Se penchant vers Tom, il lut :
«En accord avec les lois régissant le Monde des Larmoiements, tout mortel introduit par un non-mortel a droit à une période de vingt-quatre heures précises dans ce monde, après quoi il devra choisir entre passer dans le portail de l’Oubli pour retourner dans le Monde Réel, ou rester ici pour l’éternité. Ce dernier choix implique une mort par crise cardiaque dans le Monde Réel. Ce sacrifice peut être échangé contre le Rappel du non-mortel, seulement s’il y a accord du mortel. Le non-mortel qui a introduit le mortel se porte garant du respect du délai de vingt-quatre heures. Si ce dernier est dépassé, le non-mortel se verra descendre dans les Sept Enfers.»

Il remballa son parchemin d’un geste souple qui montrait son habitude, et redevint invisible aux yeux du garçon écarquillés. Mal à l’aise, celui-ci se pencha vers Mary et murmura :
- Le portail de l’Oubli ?
Ce fut sa grand-mère qui lui répondit.
- Si tu choisis de rentrer chez toi, tu nous oublieras aussitôt, Mary, moi et ce monde.
- Je ne veux pas vous oublier !

Le menton avancé, l’air outré, Mary en aurait presque rit si les implications n’avaient été aussi grave. Elle posa une main bienveillante sur l'épaule de l’enfant.
- Tu ne peux pas. Vivre ici, c’est presque comme l’enfer. Tu as toute une vie qui t’attend là, dehors !
- Oui, renchérit simplement son aïeule.
Le garçon fixa ses chaussures, piteusement.
- Qu’est-ce que c’est un rappel ?
Les deux femmes se dévisagèrent, embarrassées.
- L’accès au Paradis, finit par lâcher sa grand-mère.
Puis, après un temps :
- N’y pense même pas !
Le garçon ne répondit pas, et se mit à courir.

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Tom avait vite compris. Il pouvait enfin rendre heureuse Mary, elle qui l’avait sauvé de sa vie morne ! Il pouvait la libérer, et passer tout le reste de l’éternité avec Mamy Jacob ! Il n’avait que faire de sa vie sur terre. Son amour pour Mary était bien plus fort que cette simple attache, représentée par son cœur battant le tambour. Il courait pour échapper aux deux femmes qui voudraient le raisonner. Elles ne comprenaient pas, oh non ! Il n’y avait pas d’espoir, dans cette vie qu’elles lui promettaient.
Les larmes dévalaient ses joues, comme la neige la montagne. Il ne se sentait pourtant pas triste : mais quelque chose d’affreusement déchirant se produisait en lui, il le sentait. Son instinct de survie lui susurrait de trouver le portail de l’Oubli et de le traverser. Son cœur, lui voulait se sacrifier pour Mary. Alors il courait, sans s’arrêter. Son cœur battait, sans s’arrêter.
Vingt-quatre heures plus tard, il courait encore, mais son cœur ne battait plus. Et dans la nuit, un petit enfant s’éteignit dans son lit.

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Un homme esseulé cuvait son vin sur le trottoir. Sur le dos, la bouche à demi ouverte, il fixait vaguement les étoiles. Ce soir-là, une étoile filante passa : puis une autre parut briller d’un éclat nouveau. «Sûrement le vin», pensa son esprit ralenti par la boisson. Il rassembla son énergie pour se traîner jusqu’au pas de la porte. La maison paraissait aussi délabrée et insalubre que l’homme. Attrapant la poignée, une curieuse intuition le poussa à se relever complètement. L’atmosphère de son foyer avait changé. Suave et douceâtre, l’odeur de la mort emplissait ses pièces.

Titubant, il trouva la porte de la chambre de son fils ouverte. Une rose blanche s’était ouverte, dans un pot qui lui parut étranger. L’enfant semblait dormir paisiblement, mais quelque chose dans la pâleur de son visage l’alerta. Le souffle court, il s’agenouilla à son chevet, et tâta son pouls de deux doigts bourrus plaqué sur son cou. Rien. Glacé d’effroi, il colla son oreille contre le petit corps. Et il comprit.

La cage s’était ouverte, le rossignol avait pris son envol.


Marion FOURNOL (Etudiante à l'EBI)


1er Prix Catégorie Nouvelle (Thème l'attente du soir) - Concours Littéraire ISTOM 2015



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